Claire Tancons

LUNDI 7 MARS 2016, 19 HEURES
Amphithéâtre B de l’Institut supérieur des arts de Toulouse 5, quai de la Daurade 31000 Toulouse


ETCETERA Claire Tancons est l’une des commissaires associées de la première édition biennale du Printemps de septembre et assure actuellement la direction artistique de la cérémonie d’ouverture du Faena Forum à Miami Beach.

Diplômée en muséologie de l’École du Louvre, en histoire de l’art de l’Institut Courtauld de Londres et ancienne participante au programme d’études curatoriales de l’Independent Study Program du Whitney Museum of American Art de New York, Claire Tancons s’est émancipée de sa formation classique. Depuis plus d’une décennie, elle s’intéresse à la notion de carnaval comme expression créatrice moderne et contemporaine et expérimente avec la performance processionnelle comme pratique artistique et curatoriale, mais aussi en tant que plateforme d’engagement civique et social. 

Basée principalement aux États-Unis depuis 2000 et à la Nouvelle-Orléans depuis 2007, Claire Tancons a été commissaire pour des biennales internationales d’art contemporain émergentes et établies: Prospect.1, la 1ère biennale de la Nouvelle Orléans (2008-09); la 7ème Gwangju Biennale à Gwangju en Corée du Sud (2008); CAPE 09, la 2ème biennale de Cape Town en Afrique du Sud (2009); Biennale Bénin en République du Bénin (2012) et la 7ème Göteborg Biennial à Göteberg en Suède (2013) ainsi que de projets à la Tate Modern de Londres (Up Hill Down Hall: An Indoor Carnival (2014) et pour le Contemporary Art Center New Orleans et

Independent Curators International de New York (EN MAS’: Carnival and Performance Art of the Caribbean, 2014-2015) pour lequel elle a reçu le prix de la Fondation Emily Hall Tremaine.

Au cours de cette conférence, intitulée Etcetera, le titre provisoire de son projet pour le Printemps de septembre, elle parlera tout d’abord de ses recherches et sources d’inspiration – le carnaval des Amériques, les parades de la Nouvelle-Orléans et les mouvements de contestation populaire de la mouvance Occupy – avant de présenter quelques-uns de ses projets récents aux Amériques comme en Europe et de discuter de ses pistes de réflexion pour son projet à Toulouse. Elle abordera notamment la notion de rituel civique et posera la question de savoir ce que pourrait être un rituel civique contemporain en France de nos jours, à Toulouse plus précisément. Claire Tancons interrogera certaines des notions fondamentales qui agitent la conscience française contemporaine, faisant notamment retour sur le concept phare de lieux de mémoire à la lueur des problématiques d’identité et d’identification posées par une lecture postcoloniale de l’histoire. Aux Armes? Etcetera


SPRING, performance processionelle organisée par Claire Tancons pour la 7th Gwangju Biennale, Gwangju, Corée du Sud, 2008. Vue aérienne autour du May 18 Democratic Square. Photo Cheolhong Mo, Courtesy Gwangju Biennale Foundation.


INTRODUCTION  A LA CONFERENCE DE CLAIRE TANCONS A L’ISDAT A TOULOUSE DU 7 MARS 2016 PAR LAURE MARTIN

Bonsoir à toutes et tous.

Je remercie Anne Dallant, directrice de l’institut supérieur des arts de Toulouse, qui ne peut être ici ce soir, de nous offrir à nouveau l’hospitalité et Béatrice Méline, de la représenter.

Claire Tancons, merci beaucoup d’avoir accepté notre invitation.

Pour la première fois, dans le cadre de nos conférences, nous avons la chance d’écouter un commissaire associé à l’édition à venir du festival et nous en sommes très heureux.

Heureux d’en savoir davantage sur vos recherches académiques et votre activité de direction artistique, les deux étant intrinsèquement liées et axées sur la parade, les rituels processionnels.

Nous sommes aussi très curieux, comme vous pouvez l’imaginer, que vous nous dévoiliez en avant-première la substantifique moelle de votre projet pour l’édition 2016 du festival. Projet auquel vous avez donné à dessein, à la fois en écho à l’hymne multiculturel composé par Gainsbourg, en 1979, et en référence à Rouget de Lisle, l’auteur de la Marseillaise, le titre et cetera, évocateur de ce qui relève de l’ordre du connu comme de celui de tous les possibles.

Bardée de diplômes : en muséologie de l’école du Louvre, en histoire de l’art de l’institut Courtauld de Londres et en études curatoriales de l’Independant Study Program du Whitney Museum of American Art de New York, vous vous êtes émancipée de cette formation classique. A tel point que vous êtes passée de l’autre côte du miroir, si je peux utiliser cette image, en développant une pratique de direction artistique, à la frontière avec la création elle-même et en parallèle avec votre travaux théoriques.

Depuis plus d’une décennie, vous vous intéressez à la notion de carnaval comme expression créatrice moderne et contemporaine. Vous poursuivez, dans ce champ peu labouré, une expérimentation singulière avec la performance processionnelle comme pratique artistique et curatoriale et aussi comme plateforme d’engagement civique et social.

Plus que vos origines guadeloupéennes ou, comme chacun le sait, le carnaval est un événement central de la vie communautaire, c’est votre retour vers La Caraïbe en 2004, à l’occasion d’une invitation en tant que commissaire en résidence au CCA7, centre dévolu à l’art contemporain à Trinidad, que débutent vos recherches sur le carnaval. 

Tout aussi déterminante dans votre parcours, la carte blanche que vous a donnée, en 2008, Okwui Enwezor, directeur artistique de la 7ème biennale de Gwangju, en Corée du Sud, pour réaliser votre première performance processionnelle, Spring, sur l’historique place démocratique du 18 mai, théâtre en 1980 des révoltes étudiantes à l’origine de la démocratisation du régime.

Vous avez, depuis lors, participez à nombre de biennales d’art contemporain émergentes ou établies à travers la planète : prospect 1, première biennale de la Nouvelle-Orléans  en 2008, ville ou vous êtes établie depuis 2007. Je citerai aussi, outre celle déjà évoquée de Gwangju, Cape 09, la 2eme biennale de Cape Town en Afrique du Sud en 2009, la biennale Bénin en République du Bénin en 2012 et la 7eme biennale de Göteborg en Suède en 2013. 

Vous avez par ailleurs été invitée en 2014 à réaliser un projet à la Tate Modern de Londres et un autre a la Nouvelle-Orléans, par le Contemporary Art Center New Orleans, projet pour lequel vous avez reçu le prix de la fondation Emily Hall Tremaine.

Vous assurez actuellement la direction artistique de la cérémonie d’ouverture du Faena Forum à Miami Beach et, à cette occasion, vous travaillez avec Antoni Miralda, artiste espagnol qui nous avait reçus dans son studio à Barcelone en 2011.

Pour conclure, il me semble que votre premier projet de performance processionnelle en France arrive à point nommé au regard du contexte social actuel et l’histoire récente de Toulouse. C’est en effet à Toulouse qu’eut lieu la première manifestation dramatique de la montée de la radicalisation islamiste avec l’affaire Merah en 2012. Et dans une société française, fragilisée, par des tensions sociétales exacerbées, par les difficultés économiques que l’on sait, cette pratique artistique de la performance processionnelle, ouverte et accessible à tous, offre sur un mode créatif, participatif et festif, des pistes pour dépasser ces difficultés qui menacent la cohésion sociale. Je me réjouis personnellement que votre projet s’incarne à Toulouse et à l’invitation du printemps de septembre qui prouve ainsi, une fois encore, sa capacité à innover et à être en phase avec son temps.

En vous remerciant à nouveau pour votre présence, chère Claire Tancons, je vous laisse la parole.