Thierry Raspail

DIRECTEUR DU MUSEE D’ART CONTEMPORAIN DE LYON

L’ART AU TEMPS DES ECRANS


« En 1963, Nam June Paik expose à Wuppertal treize oeuvres dont il a manipulé les composantesélectroniques. Il s’agit de treize postes de télévision. L’artiste qualifie ces oeuvres d’« Art-Temps ». C’est l’irruption inopinée dans le monde de l’art d’un écran inédit et l’invention d’une nouvelle temporalité. Aujourd’hui, à l’époque de l’écran triomphant, nous retracerons les étapes marquantes de cette archéologie qui nous conduit au seuil du numérique. » Thierry Raspail

Historien d’art, Thierry Raspail soutient une thèse sur la question des musées, puis conçoit la scénographie du Musée de Bamako au Mali pour son ouverture en 1982. Il crée le Musée d’art contemporain de Lyon en 1984 et en assure depuis la direction. Il y développe une collection unique en Europe d’expositions monographiques spécialement conçues par les artistes pour le musée. Parmi eux, citons Marina Abramović, Ilya Kabakov, Jan Fabre, Daniel Buren. Sa collection d’installations sonores, souvent monumentales, fait également référence avec notamment les oeuvres de Terry Riley, La Monte Young, Alvin Lucier, Laurie Anderson, Alan Vega. Il organise des rétrospectives marquantes parmi lesquelles celles de Louise Bourgeois, Andy Warhol, Keith Haring, Ben, Robert Combas, Yoko Ono. Sa prochaine exposition: Adel Abdessemed. L’Antidote. En 1991, il crée la Biennale d’art contemporain de Lyon dont il est le directeur artistique.

Conférence organisée par les Amis du Printemps de septembre avec le concours du Musée Les Abattoirs-FRAC Occitanie et ouverte à tous gratuitement dans la mesure des places disponibles.

JEUDI 15 FEVRIER 2018 A 12H30
Musée Les Abattoirs-FRAC Occitanie
76, allées Charles-de-Fitte F 31300 Toulouse


INTRODUCTION CONFERENCE DE THIERRY RASPAIL
PAR LAURE MARTIN

Bienvenue à toutes et tous.

Merci, chère Anabelle, d’accueillir les amis du printemps de septembre pour cette conférence de Thierry Raspail.

Je suis très heureuse, cher Thierry, de ta présence ici aujourd’hui car tu t’es vraiment fait désirer.

Ton parcours est aussi unique que le musée d’art contemporain que tu as créé à Lyon.

Il y a en effet peu d’exemples dans l’histoire des musées, en particulier depuis la seconde moitié du XXe siècle d’une aussi exceptionnelle longévité d’un directeur, en fusse t’il le créateur, à la tête d’une institution muséale : 34 ans ! 

Il est vrai que dès le départ tu connaissais bien la question puisque ta thèse en histoire de l’art portait précisément sur la question des musées. 

Ayant débuté ta carrière à Grenoble dont tu es originaire sous l’exigeante houlette de Maurice Besset, conservateur du musée et fin connaisseur de Le Corbusier, puis celle de Marie-Claude Beaud, tu as été sollicité par la ville de Lyon pour créer dans la capitale des Gaules un musée d’art contemporain  dont tu assures depuis la direction avec le succès que l’on sait et la pugnace diplomatie que l’on devine.

Car obtenir un si constant soutien du politique, au gré des changements électoraux, est un sacré défi.

Grâce à cette confiance renouvelée de tes tutelles, ton travail acharné entouré d’une équipe soudée, au sein de laquelle Thierry Prat, ton complice depuis le début de l’aventure, joue un rôle essentiel, tu as peu à peu bâti un musée qui fait référence aujourd’hui en France et à l’étranger.

Le succès du musée d’art contemporain, avec un nombre annuel de visiteurs oscillant de 150’000 à 180’000, qui, avant de s’installer à la cité internationale en décembre 1995, sur les quais du Rhône, avait ses quartiers dans une aile du musée des Beaux-Arts, tient à ta décision dès le départ de développer un programme unique d’expositions monographiques .

Occupant un espace généreux variant de 800 à 1200 m2, elles sont spécialement conçues avec les artistes. Marina et Ulay Abramovic,  John Baldessari, Joseph Kosuth, Ben, François Morellet, Bob Morris, Robert Filliou, Robert Combas, Erro, Yoko Ono, Louise Bourgeois, Keith Haring et tant d’autres s’y sont ainsi succédés.

La prochaine, consacrée à Adel Abdemessed, ouvrira  ses portes le 9 mars prochain.

A la faveur de ces expositions au rythme  de 4 à 9 par an, tu as développé une politique d’acquisition ciblée visant à construire une mémoire de la création et à donner des repères au public.

C’est ainsi que le musée peut s’enorgueillir d’avoir aujourd’hui parmi ses 1500 œuvres,  qui nécessiteraient 45’000 m2 pour les exposer toutes, la plus grande collection en Europe d’installations monumentales et d’installations sonores. Je citerai simplement à ce propos La Monte Young, Alvin Lucier, John Cage, Laurie Anderson, Alan Vega ou Granular Synthesis.

En 1991, saisissant l’opportunité laissé par le vide né de l’abandon de la biennale de Paris à partir de 1985 pour des raisons financières, tu crées, avec la complicité de l’état, la biennale d’art contemporain de Lyon.

La dernière édition, placée sous le commissariat d’Emma Lavigne, a rencontré un succès éclatant avec une progression de 25 % de la fréquentation, soit 347’000 visiteurs.

Dieu sait pourtant que la première édition en septembre 1991, à la halle Tony Garnier, que tu avais courageusement dédiée à l’art français, avait suscité les ricanements d’une partie du milieu de l’art parisien. Là encore tu as gagné ton pari.

Cher Thierry, il est plus que temps que je te laisse la parole en te remerciant, à nouveau, chaleureusement de ta présence.