Antoine de Galbert

L’INTIME Antoine de Galbert nous parlera des liens constants, intimes et féconds, entre sa collection et la fondation, aujourd’hui internationalement reconnue, qu’il a créée en 2004 avec pour unique stratégie, celle « d’exposer librement ce que l’on aime ». 

Né en 1955, « dans un milieu plus orienté vers le passé que curieux de l’avenir où les artistes y étaient perçus comme des « originaux » et l’art contemporain comme une fumisterie », Antoine de Galbert n’était donc pas prédestiné à s’intéresser à l’art de son temps. Diplômé de sciences politiques, il travaille tout d’abord dans la gestion des entreprises, avant d’ouvrir, en 1987 une galerie d’art contemporain, à Grenoble qu’il ferme en 1997. Parallèlement il débute une collection qui prend de plus en plus d’importance dans sa vie, constituée au fil de visites, voyages et rencontres, loin des diktats de la mode et du marché. A la fin des années 1990, il choisit l’option de la fondation pour donner à son engagement dans la création contemporaine une dimension pérenne et publique. Et en 2000, il installe un premier bureau dans ce qui est aujourd’hui la librairie et commence à travailler avec Paula Aisemberg devenue depuis directrice de la fondation.

Ouverte au public en 2004 et reconnue d’utilité publique, La maison rouge, accueille désormais près de cent mille visiteurs par an. Elle a pour vocation de promouvoir les différentes formes de la création actuelle en développant une politique d’expositions qui met notamment l’accent sur les collections privées. Dernier exemple en date : à l’occasion du dixième anniversaire de La maison rouge en 2014, une sélection de près de mille deux

cents oeuvres d’art moderne et contemporain de la collection d’Antoine de Galbert, faite par un logiciel renseigné seulement par le format des encadrements et les numéros d’inventaire, a été présentée dans l’exposition Le mur avec une scénographie aussi spectaculaire qu’innovatrice, sous forme d’un ruban de deux cents mètres de long sur trois mètres cinquante de haut, occupant la totalité des surfaces murales. La fondation veut, au long des expériences de l’art qu’elle provoque et propose, privilégier la multiplicité des démarches, des pratiques et des approches. Contournant l’industrie culturelle, La maison rouge a créé un nouveau modèle dont la spécificité et la popularité suscite l’intérêt de professionnels et de collectionneurs du monde entier.

La maison rouge inaugure le 18 février prochain deux expositions monographiques Fatum. Jérôme Zonder et Et in libertalia ego. Projet de Mathieu Briant, visibles jusqu’au 10 mai. Et le 19 juin, dans le cadre de son cycle dédié aux scènes contemporaines urbaines du monde, elle ouvrira l’exposition My Buenos Aires.

Hors les murs, la Fondation prépare une exposition-hommage au Facteur Cheval sur la thématique des architectures, à partir des collections d’art brut d’Antoine de Galbert et de Bruno Decharme, qui sera présentée, l’été 2015, à Hauterives dans l’espace d’expositions, voisin du Palais idéal.


Jeudi 26 février 2015 A 18H30 Fondation Bemberg Place d’Assézat 31000 Toulouse 


INTRODUCTION CONFERENCE ANTOINE DE GALBERT
PAR LAURE MARTIN

Bonsoir et merci pour votre présence ce soir.

Antoine, quand tu nous as fait le plaisir d’accepter notre invitation, la question s’est posée de savoir quelle institution solliciter pour t’accueillir. La fondation Bemberg s’est imposée comme une évidence, car, au-delà de goûts artistiques pour le moins éloignés, Georges Bemberg et toi avez en commun non seulement d’être des collectionneurs insatiables pour ne pas dire boulimiques, mais aussi des mécènes généreux, désireux de partager leur passion avec le public le plus large, et ce, en privilégiant un rapport intime aux œuvres dont le nom même de maison rouge se fait l’écho.

Aussi suis-je très reconnaissante a Philippe Cros, son directeur, de nous offrir à nouveau l’hospitalité.

Antoine, comme tu l’as écrit récemment, tu as grandi, dans un milieu plus orienté vers le passé que curieux de l’avenir, dans lequel les artistes étaient perçus comme des originaux et l’art contemporain comme une fumisterie. Rien ne te prédestinait donc à devenir collectionneur de cet art et fondateur de La maison rouge qui, en dix à peine a acquis la renommée nationale et internationale, que l’on sait.

Mais avant la création de la fondation, tes premiers pas dans le monde de l’art ont emprunté un autre chemin. À trente-deux ans en 1987, délaissant la gestion d’entreprise, tu deviens galeriste à Grenoble, en parfait néophyte. Véritable baptême du feu, l’aventure de la galerie prend fin dix ans plus tard. Mais celle de la collection, débutée dans les années 80, se poursuit à un rythme soutenu, le virus ayant pris et bien pris.

Constituée au fil de visites, voyages, coups de cœur et rencontres, loin des diktats de la mode et du marché, ta collection couvre principalement le champ de l’art contemporain, mais pas seulement comme en témoigne ta magnifique collection de coiffes ethniques du monde entier, montrée à La maison rouge en 2010 et au musée dauphinois à Grenoble en 2012.

C’est à Paris où tu vis à partir de 1998 que tu décides en 2000 de créer une fondation pour donner à ton engagement pour la création contemporaine une dimension pérenne et publique, répondant à « ton désir de rester au contact de ladite création, résoudre la question de la légitimité de l’argent, te payer le luxe d’exprimer publiquement ce que tu avais à dire » pour reprendre tes propres termes.

Fondation reconnue d’utilité publique, la maison rouge ouvre en 2004 avec une exposition inaugurale, L’intime. Le collectionneur derrière la porte qui fait date et donne le ton d’une programmation à venir aussi libre que cohérente, le moto étant de montrer ce que tu aimes.

Elle accueille aujourd’hui près de cent mille visiteurs par an, et y sont montrés :

Des collections privées de réference comme celles d’Ulrich Olbricht et de Harald Falckenberg qui ont, eux aussi, crée leur propre fondation, le premier à Berlin, le second à Hambourg, ou la tienne comme ce fut le cas avec l’exposition Le mur.

Des scènes artistiques urbaines, comme le donnera à voir la prochaine exposition de l’été consacrée, à Buenos Aires.

Ou encore, comme en ce moment, de jeunes artistes tel l’extraordinaire dessinateur Jerome Zonder.

Avec ton équipe et en particulier, Paula Aisemberg, directrice de la fondation, tu as créé un nouveau modèle de fondation dont la spécificité et la popularité à valeur d’exemple et suscite, à juste titre, l’intérêt de professionnels et de collectionneurs du monde entier.

La maison rouge est l’un des rares lieux, et c’est ce qui le rend précieux, ou les visiteurs sont assurés d’y voir des expositions affranchies du règne actuel de la merchandisation de l’art qui gangrène un certain nombre d’institutions.

Mais il est temps que je te donne la parole pour que tu nous parles des liens intimes et féconds qui lient ta collection et ta fondation.