Benoît Decron

« PIERRE SOULAGES A L’EPREUVE DE LA MONOGRAPHIE, LE MUSEE DE RODEZ »

Vendredi 28 novembre 2014 à 18H30 Musée Les Abattoirs-FRAC Occitanie 76, allées Charles-de-Fitte F 31300 Toulouse

« Le musée Soulages a rassemblé  plus de 180’000 visiteurs depuis son ouverture le 30 mai dernier. Ce « musée inhabituel », comme l’a baptisé le peintre, mérite désormais une toute première analyse, une sorte de point d’étape. C’est ce que cette conférence va proposer, en retraçant les principales étapes de sa conception : contenu de la donation, conception du bâtiment par les architectes catalans de RCR, parcours et scénographie. L’exposé s’attachera à détailler à la fois l’expérience de ce projet né de la volonté de Soulages et d’élus, dans le contexte fragile d’une modeste collectivité. Comment l’élever et comment le faire vivre ? Il mettra en valeur l’adéquation de collections variées (peintures sur papier et sur toile, estampes, sculptures, photographies, films…) et de l’idée princeps de leur éclairage par la technique et de ses accidents. «  C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ». Car le musée Soulages  qui couvre un ensemble d’œuvres de 1934 à 2012 n’est pas un exercice monographique, mais un « tressement » de productions (peintures, vitraux, eaux fortes…) et de processus inventés par le peintre. L’objectif reste d’associer les racines locales du peintre, né à Rodez  en 1919, et la médiation à caractère international. Tout en évitant la pétrification d’une collection permanente. Les architectes RCR, nominés à l’équerre d’argent 2014, ont pris une part capitale auprès du peintre, du conservateur et des techniciens, pour offrir un écrin avenant et souple à la collection, en cœur de ville : ce qui signifie son déplacement et celui de ses activités au sud, entre la cathédrale et les quartiers neufs de Bourran. Incarner Soulages sans se priver d’initiatives et de flexibilité. La conférence s’attachera donc à la présentation de l’architecture et de son contenu, à ses spécificités, notamment le Café Bras mis au point par un chef étoilé, l’association des amis du musée, la mutualisation des moyens et des personnels des trois musées de Rodez. Elle pointera les perspectives en matière de programmation, mais également dans le sens de la collaboration poursuivie et accentuée avec Pierre Soulages, son époque et ses proches » Benoît Dacron.

Benoît Decron, né en 1959 à Niort, devient, après des études d’art médiéval à Poitiers, conservateur du patrimoine en 1988. De 1988 à 1996,  il est conservateur des musées de Langres et du Sud Haute-Marne où il a en charge la construction du musée d’art et d’histoire de Langres et l’aménagement du musée de Bourbonne-les-Bains. De 1996 à 2009,  il est conservateur en chef du musée de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne où son champ d’action devient l’art moderne et contemporain (acquisition des lettres de Chaissac à Dubuffet, du Journal de Paul-Emile Pajot, d’un grand Peter Saul, Woman Smoking…). Depuis 2009,  Benoît Decron est responsable du projet du musée Soulages à Rodez et des musées du Grand-Rodez dont il est le directeur. Il a publié le catalogue du musée de l’Abbaye Sainte-Croix, écrit dans nombre de livres et catalogues sur la photographie ancienne et l’illustration, Gaston Chaissac, Victor Brauner, Jean Dubuffet, Peter Saul, Marc Desgrandchamps, Louis Pons, Louis Soutter…Il prépare l’édition d’une monographie sur Pierre Soulages et une sur Raoul Cabrol, le caricaturiste d’Hitler, un recueil de correspondance Gaston Chaissac-Anatole Jakovsky. Il travaille à une exposition personnelle de Claude Lévêque au musée Soulages pour l’été 2015.

Conférence organisée par Les amis du Printemps- Festival international d’art de Toulouse avec le concours de la Direction régionale des affaires culturelles Midi-Pyrénées.


INTRODUCTION CONFERENCE BENOÎT  DECRON
PAR LAURE MARTIN

Bienvenue à toutes et tous pour la dernière conférence de l’année, organisée par les Amis du Printemps de Toulouse.

Je remercie également, Olivier Michelon, le directeur du musée, de nous offrir à nouveau l’hospitalité.

Merci à vous, cher Benoît Decron, d’avoir accepté notre invitation. Nous sommes d’autant plus heureux de votre présence ici ce soir que ceux d’entre nous, présents à Rodez le 1er juin dernier, ont en mémoire votre accueil chaleureux et le temps que vous avez eu la gentillesse de nous consacrer dans le tourbillon éreintant du week-end d’ouverture.

Avant que vous nous livriez l’histoire et l’analyse de cet ambitieux projet qu’est le musée Soulages pour une ville de 24’000 habitants et une modeste agglomération (60’000 habitants environ), dont le succès aussi fulgurant qu’inattendu comme le soulignait Valérie Duponchelle dans Le Figaro du 27 juillet qui titrait son article Triomphe inattendu du musée Soulages à Rodez, a valeur d’exemple dans le contexte actuel empreint d’une certaine morosité, j’aimerais dire quelques mots sur votre parcours singulier.

En effet vos études d’art médiéval à Poitiers ne vous prédestinaient pas à  priori à devenir le chef d’orchestre passionné, pragmatique et tenace, de la création d’un nouveau musée d’art contemporain au cœur de l’Aveyron.

Conservateur du patrimoine en 1988, vous êtes alors nommé conservateur des musées de Langres et du Sud Haute-Marne où vous avez en charge la construction du musée d’Art et d’histoire de Langres et l’aménagement du musée de Bourbonne-les-Bains, première expérience qui, sans nul doute, a dû vous être précieuse pour relever le défi du musée Soulages.

En 1996, de retour au pays, si je puis dire pour un natif de Niort, vous devenez conservateur en chef du musée de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables-d’Olonne où votre champ d’action devient l’art moderne et contemporain.

Et depuis 2009, vous êtes responsable du projet du musée Soulages à Rodez et des musées du Grand-Rodez dont vous êtes également le directeur.

J’ajoute simplement que vous avez publié le catalogue du musée de l’Abbaye Sainte-Croix et écrit sur de nombreux sujets : la photographie ancienne et l’illustration, Gaston Chaissac, Victor Brauner, Jean Dubuffet, Peter Saul, Marc Desgrandchamps, Louis Pons, Louis Soutter… et que vous préparez, entre autres, l’édition d’une monographie sur Pierre Soulages et d’une sur Raoul Cabrol, le caricaturiste d’Hitler.

Bravo et merci pour ce que vous avez accompli et qui n’aurait pas été possible, sans une volonté politique et sans l’implication et la générosité de Pierres Soulages et de son épouse avec lesquels vous avez travaillé en étroite et complice collaboration.

Le musée Soulages, dans son écrin de corten, magistralement conçu par le cabinet d’architectes catalans RCR, nominés à l’Equerre d’argent en 2014, est un superbe cadeau fait aux habitants de la ville natale de Pierre Soulages.

A l’instar du musée Guggenheim à Bilbao, il a ,en a peine six mois, redynamisé l’image de la ville et de la région,  et s’inscrit d’ores et déjà dans le circuit des grands musées français et européens si l’on se réfère aux quelques 180’000 visiteurs accueillis en 6 mois alors que les responsables en escomptaient 60’000 en 1 an.

On ne peut que souhaiter que nombre d’entre eux reviennent pour l’œuvre de Pierre Soulages, mais également pour votre programme d’expositions temporaires et la cuisine de Michel Bras, cela constituant désormais pour vous, j’imagine, un enjeu capital.