« LE COUVENT DE LA TOURETTE : LIEU DE RENCONTRE AVEC LES ARTISTES D’AUJOURD’HUI, DANS L’ESPRIT DU RENOUVEAU DE L’ART SACRE DES ANNEES CINQUANTE »
Marci 5 avril 2016 à 18h30
Fondation Bemberg Place d’Assézat 31000 Toulouse
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« Il y a 50 ans décédait Le Corbusier. C’est à lui que les Dominicains de Lyon passèrent commande en 1953 pour construire La Tourette, couvent de formation destiné aux frères de la Province dominicaine de Lyon. A l’époque, le choix de l’architecte s’inscrivait dans le mouvement du renouveau de l’art sacré au tournant des années cinquante sous l’impulsion des Pères Couturier et Régamey, dominicains, directeurs de la revue L’Art sacré. Ils prônaient « l’appel aux grands artistes » de leur temps.
Pour eux, être chrétien n’était pas le critère. Leur critère était l’excellence et leur mot d’ordre de « parier sur le génie ». Au début des années cinquante des réalisations emblématiques de ce renouveau voient le jour. Rappelons pour mémoire l’église du Plateau d’Assy où travaillèrent Bonnard, Braque, Chagall, Léger, Lipchitz, Lurçat, Matisse, Richier et Rouault, mais aussi la chapelle des Dominicaines de Vence conçue par Matisse ; l’église d’Audincourt avec les vitraux de Bazaine et Léger ; enfin l’église de Ronchamp par Le Corbusier. C’est dans ce contexte de renouveau de l’art sacré que les Dominicains de Lyon sollicitent Le Corbusier pour le couvent de La Tourette, dans lesquels ils s’installèrent en 1959.
Depuis 2009 les Dominicains de La Tourette, organisent des expositions d’art contemporain. Leur souhait est que le couvent soit résolument ouvert sur le monde d’aujourd’hui et notamment sur la création artistique contemporaine. L’audace manifestée par les Dominicains dans le choix de Le Corbusier, il y a plus d’un demi-siècle, perdure aujourd’hui avec l’organisation d’expositions qui sont conçues comme des rencontres entre les œuvres d’un artiste plasticien et l’architecture de Le Corbusier.
L’objectif est de susciter un dialogue fécond entre patrimoine architectural et création contemporaine. Bien plus que de simples expositions, ce sont des rencontres qui ont lieu chaque année à La Tourette entre des artistes importants de notre époque et des murs de qualité architecturale exceptionnelle, où vit toujours la communauté religieuse pour laquelle ils ont été conçus. François Morellet en 2009 ; Véra Molnar, Stéphane Couturier et Ian Tyson en 2010 ; Alan Charlton en 2011 ; Éric Michel en 2012 ; Anne et Patrick Poirier en 2013, Philippe Favier en 2014 et Anish Kapoor en 2015 se sont succédés pour tenter l’aventure de cette rencontre. Ces expositions ont montré combien les œuvres prenaient place naturellement dans le bâtiment, tant le dialogue qu’elles instauraient avec l’architecture se révélait juste. Il en résultait un renouvellement du regard, à la fois sur le bâtiment et sur les œuvres. » Frère Marc Chauveau
Frère Marc, né à Paris en 1962 dans une famille ouverte à l’art contemporain, a suivi un triple cursus en droit, histoire de l’art et théologie. Entré au noviciat des Dominicains en 1994, il est ordonné prêtre en 2001 et assigné au couvent Sainte-Marie de La Tourette. A l’occasion du cinquantenaire du couvent, construit par Le Corbusier, il organise une exposition d’art contemporain en invitant François Morellet et, depuis, invite chaque année un artiste, le dernier en date étant Anish Kapoor. Pour l’automne 2016, il prépare une exposition de groupe Lumière et silence avec des artistes comme Michel Verjus, Frederica von Rauch, Jaromir Novotny… Frère Marc assume un rôle de conseil auprès des dominicaines de Vence et, à ce titre, prépare l’ouverture pour l’été prochain d’une galerie consacrée aux dessins préparatoires de Matisse pour la chapelle. Il a aussi accompagné pendant trois ans les dominicaines de Montferrand-le-Château près de Besançon, avec la complicité de l’artiste Jean-Marc Cerino, dans la réfection de la chapelle consacrée au Père Lataste, fondateur, sous le Second Empire, d’une congrégation de sœurs avec des femmes sortant de prison. Il est souvent invité à donner des conférences, notamment sur la dimension spirituelle dans l’art contemporain.
Conférence organisée par Les amis du Printemps de septembre avec le concours de la Fondation Bemberg.
INTRODUCTION CONFERENCE DE FRERE MARC CHAUVEAU
PAR LAURE MARTIN
Bonsoir et merci à tous pour votre fidélité.
Merci, cher Philippe Cros, de nous accueillir à nouveau ce soir.
Le couvent de la Tourette vous étant familier, Philippe, comme il l’est pour les membres de l’association qui ont participé aux visites passionnantes avec Frère marc en 2013 et 2015, cette soirée, est le prolongement naturel de l’expérience mémorable que fut pour chacun d’entre nous la découverte à la fois de ce lieu magnifique et des expositions organisées dans ses murs.
En effet, toutes celles et ceux venus au couvent, ont été saisis par la force de cette architecture emblématique de le Corbusier, réalisée à la demande faite en 1953 par les Dominicains de Lyon. Audacieux et ancre dans un splendide paysage aussi retire que bucolique, ce bâtiment unique, résume de la pensée corbuséenne, est en parfaite adéquation avec la spiritualité des Dominicains. Le miracle se poursuit, si je puis dire, avec la programmation artistique développée depuis sept ans maintenant par Frère Marc, tant celle-ci vient s’inscrire comme une évidence dans la beauté austère de la Tourette.
Frère Marc, un chaleureux merci, pour avoir accepté notre invitation dans le berceau de l’ordre prêcheur des Dominicains auquel vous appartenez. Ordre, je le rappelle, fonde en 1215 à Toulouse par Dominique de Guzman, plus connu sous le nom de Saint-Dominique pour reconquérir des territoires Gangrené aux yeux de Rome par l’hérésie cathare et dont l’église des jacobins était le lieu de prêche.
Né à Paris dans une famille ouverte a l’art contemporain, vous avez fait des études de droit, d’histoire de l’art et de théologie. En 1994, à trente-deux ans, quittant la vie séculière, vous entrez au noviciat des Dominicains. Ordonne prêtre en 2001, vous êtes alors assigne au couvent Sainte-Marie de la Tourette. Membre de cette petite communauté, résolument ouverte au monde, qui réunit aujourd’hui douze frères, votre champ d’action est celui de la création de notre temps.
Renouant, à l’occasion du cinquantenaire du couvent, avec l’initiative lancée pour le renouveau de l’art sacre au tournant des années cinquante par les pères Couturier et Regamey, directeurs de la revue l’art sacre, qui prônaient un appel aux grands artistes de leur temps, vous invitez Francois Morellet à exposer en 2009.
Depuis, chaque année, avec l’objectif de susciter un dialogue entre patrimoine architectural et création contemporaine, vous organisez une exposition dédiée a un ou des artistes dont la démarche et l’œuvre sont susceptibles de répondre à cette ambition. Au regard de la fréquentation croissante et de la réception des expositions par un public averti ou pas, il est incontestable que vous avez relève ce défi hardi dans un siècle ou le sacre n’occupe guère de place quand il n’est pas Nie ou Devoye.
C’est ainsi que se sont succédés Vera Molnar, Stéphane Couturier et Ian Tyson en 2010, Alan Charlton en 2011, Eric Michel en 2012, Anne et Patrick Poirier en 2013, Philippe Favier en 2014 et Anish Kapoor en 2015.
Cette dernière exposition, que certains d’entre vous ont visitée en décembre dernier, a attiré a la Tourette quinze mille visiteurs, affluence inaccoutumée qui a, j’imagine, un peu bouscule les habitudes de la communauté et perturbe le silence qui prévaut d’ordinaire.
Personnellement, au vu de son intervention à Versailles et au-delà des polémiques suscitées par cette dernière, il me semble qu’Anish Kapoor a été bien mieux inspire à la Tourette que chez le roi soleil.
Mais revenons à la Tourette. Pour l’automne 2016, continuant l’aventure de ces rencontres qui renouvellent le regard à la fois sur le bâtiment et sur les œuvres, vous travaillez à une exposition de groupe lumière et silence avec des artistes comme Michel Verjux, Frederica Von Rauch, Jaromir Novotny….
Vous assumez aussi un rôle de conseil auprès des Dominicaines de Vence, et à ce titre, vous préparez l’ouverture pour l’été prochain d’une galerie consacrée aux dessins préparatoires de Matisse pour la chapelle. Vous avez aussi accompagné pendant trois ans les Dominicaines de Montferrand-le-château près de Besancon, avec la complicité de l’artiste Jean-Marc Cerino, dans le cadre de la réfection de la chapelle consacrée au Père Lataste, fondateur, sous le second empire, d’une congrégation de sœurs avec des femmes sortant de prison.
Vous êtes également souvent invité à donner des conférences, notamment sur la dimension spirituelle dans l’art contemporain.
Nous sommes donc très heureux de vous écouter, nous parler de l’expérience rare que vous menez au couvent de la Tourette et ailleurs et vous remercions encore pour votre présence ici, ce soir.