matali crasset

matali crasset, photo Juana Wein

matali crasset est une femme designer française de renommée internationale. Issue d’une discipline connexe aux arts visuels (architecture, cinéma, musique, littérature, design, danse…), elle est invitée par le Nouveau Printemps à concevoir, avec l’équipe du festival, la programmation artistique de la première édition de la manifestation qui succède au Printemps de septembre et ouvre ses portes le 2 juin 2023.

Elle défend un design à la croisée d’une pratique artistique, anthropologique et sociale et œuvre pour un design de la création, du vivant et du quotidien : comment le design peut-il contribuer au vivre ensemble et nous accompagner dans le monde contemporain ? C’est à partir de ce postulat à la fois simple et engagé qu’elle pense et travaille « en mouvement ».

Formée aux Ateliers-ENSCI dans les années 1990, collaboratrice de Philippe Starck avant de fonder son studio, elle invente depuis 30 ans un parcours singulier, nourri des centaines de projets qu’elle a menés aussi bien en architecture qu’en scénographie, en conception d’objets, de mobiliers ou d’aménagements.

Elle entretient des liens forts avec l’art contemporain : elle a pensé des espaces pour des lieux d’art (Consortium Museum à Dijon ou le dododo book pour le Power Station of Art à Shangai) et a régulièrement collaboré avec des artistes (Peter Halley ou récemment Roberto Cuoghi). Ses œuvres ont été exposées dans les institutions culturelles en France et à l’étranger et comptent parmi les collections de design de musées tels que le Moma à New York ou le Centre Pompidou à Paris.

Son design sans frontière ni territoire est l’expression d’une conviction profonde, celle du processus créatif considéré comme projet humain, social et écologique. Car la finalité des projets ne repose pas sur leur seule et unique réalisation, mais sur le processus lui-même et la capacité à produire du lien, à créer un système d’échange et de réciprocité entre les individus et avec le milieu naturel. C’est ainsi que tout projet devient œuvre commune.


INTRODUCTION À LA CONFERENCE  DE MATALI CRASSET PAR LAURE MARTIN 

Bienvenue à toutes et tous pour la première conférence de l’année, organisée par les Amis du Nouveau Printemps qui succède aux Amis du Printemps de septembre, à la suite de la nouvelle mue du festival de création contemporaine créé par Marie-Thérèse Perrin en 1991 à Cahors et implanté à Toulouse en 2001.

Je remercie chaleureusement Jérôme Delormas, directeur général de l’isdaT et Alix Fourest, coordinatrice de la programmation, pour leur hospitalité ce soir.

Merci à vous, chère matali crasset, d’avoir accepté notre invitation.

Avant de vous écouter nous parler de votre travail et de votre projet pour la première édition du Nouveau Printemps, je souhaite brièvement vous présenter.

Née en 1965 à Châlons-en-Champagne, après votre formation aux Ateliers-Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI), vous travaillez avec Philippe Starck de 1993 à 1997 et vous fondez votre agence en 1998.

Votre moto, « Apporter quelque chose aux gens plutôt que faire du design », sous-tend, depuis 30 ans, votre création et votre parcours singuliers qui vous valent une renommée internationale.

Votre design, qui affiche d’emblée votre goût pour la couleur, est l’expression d’une conviction profonde, celle du processus créatif considéré comme projet humain, social et écologique. La finalité de vos projets repose sur la réalisation, mais aussi sur le processus lui-même et la capacité à produire du lien, à créer un système d’échange et de réciprocité entre les individus et avec le milieu naturel. Ainsi, tout projet devient œuvre commune dans laquelle les dimensions participatives, ludiques, hospitalières sont centrales.

Dans le domaine du design d’objets, depuis la création en 1995, d’un de vos tout premiers, devenu depuis iconique, Quand Jim monte à Paris, basé sur l’idée d’accueil et d’hospitalité dans les meilleures conditions possibles sans avoir de chambre d’amis, vous collaborez aussi bien avec des acteurs du monde industriel comme en atteste, entre autres, votre luminaire IKEA PS 2017, inspiré par les lampes de cheminot qu’avec des entreprises du patrimoine vivant tels la Manufacture de Sèvres, la Maison Berger, Roger Pradier et bien d’autres encore, autour d’un outil de fabrication et d’un savoir-faire made in France.

Votre intérêt pour l’espace public qu’il soit intérieur ou extérieur, pour l’art contemporain et pour l’enfance, vous ont amenée à concrétiser nombre de projets en France et à l’étranger. La liste de vos réalisations est aussi longue qu’impressionnante. J’en cite donc simplement quelques-unes : La maison des Petits au CENTQUATRE-PARIS de 2008, pensée comme un lieu d’accueil parents- enfants, MuMo 2 (Musée mobile initié en 2011 par Ingrid Brochard, Saule et les Hoopies) qui sillonne la France depuis 2017 et rend, à travers une sélection des collections du Centre national des arts plastiques (CNAP) et des FRAC, l’art contemporain accessible à ceux qui en sont géographiquement éloignés, la jubilatoire Librairie des Presses du Réel ouverte au Consortium Museum de Dijon en 2018 et La créative Gallery-Playground, espace destiné au jeune public dans l’antenne chinoise de Centre Pompidou à Shangai, inaugurée en 2022. Je n’oublie pas, bien sûr, Le bois de Sharewood, à Nègrepelisse, en Tarn-et-Garonne, où, à l’invitation du Centre d’art municipal La Cuisine, vous avez créé en 2013, dans le petit bois de Montrosiès enclavé au milieu d’un nouveau quartier, un rucher coopératif et un espace de dégustation et d’échange animé par une association locale.

Parmi vos collaborations avec les artistes, la plus récente est celle avec Roberto Cuoghi, artiste italien à l’œuvre foisonnante et complexe, pour lequel vous avez conçu la scénographie de son exposition actuelle au Museum Fridericianum de Kassel, épicentre de la légendaire Documenta.

Votre travail, dont les Editions Norma viennent de faire paraître en français la monographie publiée en 2012 par les Editions Rizzoli en italien, a fait l’objet de plusieurs expositions internationales dont Homemade au Cooper Hewitt Museum, à New York, en 2006.

Pour finir, j’ajoute, qu’aimant transmettre, vous enseignez actuellement à la Haute école d’art et de design de Genève, plus connue sous l’acronyme HEAD.

Avant de vous écouter avec curiosité, chère matali crasset, je donne la parole à Anaëlle Bourguignon, directrice-adjointe du Nouveau Printemps, afin qu’elle nous révèle brièvement les raisons de l’invitation qui vous a été faite et les grandes lignes du festival à venir.